Est-ce qu’on pourrait dire que le XXIème siècle est en train de connaître sa première crise majeure ? Bien sûr il y a déjà eu quelques conflits, une crise économique, mais la dimension mondiale de cette pandémie et ses prérogatives locales comme globales laisse penser qu’il y aura des conséquences profondes, et pas uniquement d’ordre économiques…
Evidemment le tourisme, dans lequel nous nous sommes engagés depuis deux ans, est une des principales cibles de cette crise. Alors comment réagir ? Crier alerte et désespoir ? Ce n'est pas dans notre nature. Ce qui nous semble intéressant, c'est de continuer à faire vivre l'essence du voyage... Comment ?
Le voyage est une découverte, et si le voyage nous est interdit par un fléau (ou par la réaction trouvée par nos dirigeants pour faire cesser ce fléau), au moins peut-on essayer de sauver la découverte...
Alors je vais parler de ce lieu où je suis, la Sibérie, et je vais parler de ce que je vois et j’entends ici… Je vais essayer de tenir ce journal régulièrement, afin qu’on puisse avoir un aperçu de l’évolution des événements… Jusqu’à, je l’espère, la fin de la « crise sanitaire », cette belle catastrophe.
Donc aujourd’hui le temps commence à se réchauffer à Novossibirsk. Il fait 25° au thermomètre extérieur. Il y a guère plus d’une semaine, il montait péniblement au-dessus de 5°. C’est le miracle du printemps. Par ma fenêtre j’aperçois un des derniers tas de neige du quartier. Il est devant un bâtiment dont la façade est orientée au nord. Il a bien dû fondre des deux tiers, mais il est toujours là, avec son mètre de haut. Partout ailleurs la terre est sèche et l’herbe, là où il y en a, recommence à pousser…
On entend quelques voix. On entend des voitures. Ce n’est pas ville morte comme en France. Pourtant le confinement a aussi été voté. Mais les contrôles, s’il y en a, sont discrets. Il y aurait aujourd’hui 135 cas déclarés de Corona virus à Novossibirsk. Sur un million cinq habitants, cela semble relativement peu. Mais on ne peut pas savoir quelle va être la progression…
Ce matin, le kraï de l’Altaï, région voisine, annonçait 127 cas, tandis que la République d’Altaï, région suivante en direction du sud, était à deux cas hier… Du coup, cette troisième région a envie de se protéger et a annoncé une fermeture de ses frontières. Toute personne entrante doit justifier sa venue et doit se soumettre ensuite à une quarantaine de 20 jours.
A propos de la République d'Altaï, jusqu'à peu non infestée, un dirigeant local, Yerzhanat Begenov, s'est exclamé mercredi dernier :
"La région est actuellement non contaminée par le virus. Remercions la divine protection de la princesse d'Oukok !" Cette citation est donnée dans un article du journal "The Moscow Time", article illustré par une photographie d'une momie qui est censée être celle de la princesse d'Oukok.
En regardant la photographie, je m'aperçois que la princesse a changé de tenue depuis l'année dernière où je l'ai vue... Ou ce n'est pas la momie de la princesse (il y a d'autres momies de la culture Pazyryk, famille culturelle de la princesse), ou bien ils ont changé sa parure. Je l'ai vue avec un tulle blanc qui la protégeait et non avec cette robe colorée... Si c'est bien elle (et je pense que je reconnais ses doigts et son sarcophage), je suis très content qu'on se soucie d'embellir le pauvre corps nu de cette femme ayant vécu vers le 5ème siècle avant Jésus-Christ ! Mais je déplore toujours qu'on ne puisse pas davantage apercevoir ses si magnifiques tatouages (sur le haut des bras et le bas des jambes).
Pour revenir au tourisme, évidemment, pour nous et pour tous ceux du secteur, la période est très risquée. Il nous faut donc essayer de trouver des activités qui nous permettront de passer cette crise. Heureusement, de France est venue une commande de Valentine Grosjean, mon ancien professeur de russe de Besançon, qui m’a fait réaliser le montage d’un film reportage sur la région d’origine de sa famille paternelle, la ville de Taganrog. C'est aussi la ville de naissance de Tchekov, et on y a vu souvent venir Tchaïkovsky. Le film est très intéressant et je vous laisse donc le découvrir. Il nous emporte vers d’autres contrées de Russie, - assez inconnues aussi d’ailleurs :
Je me suis dit qu'un réseau pourrait être constitué autour de ce blog. Car en effet ils doivent être nombreux ceux qui, comme moi, ont vu leurs voyages annulés et leur temps se mettre à voleter au vent comme un signal de détresse...
Voici donc la lettre, en français et en russe, que je leur ai adressée, via d'abord une page WhatsApp de professionnels du tourisme. On verra si je reçois des participations... Chacun peut la copier et la partager librement...
Chers amis de France et de Sibérie, chers amis du voyage. Comme nous, ce virus et sa gestion mettent en danger votre activité, vos projets, si ce n'est pas vous-même et votre santé...
Nous nous retrouvons isolés, et incapables de recevoir nos voyageurs. Quant à vous, voyageurs, vous êtes bloqués dans votre désir de voyage et de découverte.
Pourtant la vie continue et ce contexte de crise offre parfois des éléments positifs. Amis Sibériens, la nature qui est autour de vous reste belle, et vous pourriez la partager ! Que tout le monde sache que notre belle nature existe encore ! Mais aussi certains événements positifs de cette crise peuvent avoir intérêt à être partagés. Certaines informations aussi pourraient intéresser nos voyageurs de France. Alors, s'il vous plaît, envoyez-nous des informations, des vidéos, des photographies, et nous pourrons les publier dans notre blog : "2020 : En attendant que la cage s'ouvre !"
Et quant à vous, amis Français qui vous intéressez à la Sibérie, vous avez peut-être des pensées, des images à partager : n'hésitez pas ! Cela peut intéresser la communauté francophone qui connaît si mal la Sibérie !
Chaque jour une nouvelle page de notre blog sera publiée. Merci à tous de la partager sur vos réseaux sociaux !
Et maintenant en russe :
«Дорогие друзья из Франции и Сибири!
Дорогие друзья, наших будущих поездок и путешествий!
Коронавирус и меры, принимаемые для предупреждения его распространения, ставят под угрозу нашу деятельность, наши проекты, это касается вас и вашего здоровья ... Мы находимся в изоляции и неспособны сейчас принять наших путешественников. Что касается вас, вы - путешественники, тоже заблокированы в вашем желании путешествовать и открывать мир.
И все же жизнь продолжается, и этот кризисный период тем не менее предлагает позитивные элементы. Друзья!!! Сибирская природа остается прекрасной, и вы могли бы увидеть это и почувствовать реально! Пусть все знают, что наша прекрасная природа все еще существует! Но и некоторым позитивным событиям этого кризиса есть, чем поделиться. Определенная информация может также заинтересовать наших путешественников из Франции. Поэтому, пожалуйста, присылайте нам информацию, видео, фотографии, и мы можем публиковать их в нашем блоге: «2020: В ожидании открытия границ»
А что касается вас, французские друзья, которым интересна Сибирь, у вас могут быть мысли, образы для обмена: не стесняйтесь! Это может заинтересовать франкоязычное сообщество, которое так плохо знает Сибирь!
Каждый день будет публиковаться новая страница нашего блога. Спасибо всем за то, что поделились им в социальных сетях!
La lettre d’appel envoyée avant-hier a eu déjà une réponse. Il s’agit de Marina, qui a créé il y a quelques mois une page WhatsApp pour les professionnels du tourisme. C’est là que j’avais publié mon appel à participation.
Marina est une personne très importante de la République d’Altaï pour qui y pratique le tourisme. Après avoir été la directrice d’un musée de la culture altaïenne à Koulada, dans la vallée de Karakol, elle a laissé la place à une jeune femme et accompagne aujourd’hui quelques groupes visitant cette magnifique vallée, la réserve naturelle d’Outch-Enmek, que nous visitons dans beaucoup de nos itinéraires.
En cela, Marina est une sorte de spécialiste du monde altaïen, en tout cas pour l’ethnie des Altaï Kiji, comme Clément Jacquemoud les nomme dans son livre « Les Altaïens, peuple turc des montagnes de Sibérie ».
Marina aime les Français et c’est pourquoi elle me fait l’honneur de participer à ce partage. Cependant, les nouvelles qu’elle m’a donné hier soir ne sont pas bonnes, et pas du tout en relation avec le corona virus. Mais commençons par les choses agréables dont elle me parlait hier.
« Bonjour, Philippe ! Il est malheureux que le virus nous sépare et que vous ne pouvez pas venir avec vos touristes français ! Je pense que c'est temporaire. J'approuve votre idée de partager des informations. Je vais donc m’adresser à vos lecteurs. »
Bonjour, chers amis ! Je m'appelle Marina. J'habite très loin de Paris et n'y ai jamais été, mais j'adore les français et je vais vous parler un peu de ma vie ici.
Actuellement, j'ai beaucoup de travail et là où je fais paître les moutons, la communication est mauvaise. Mais je vais essayer de vous envoyer mon témoignage.
Voici ma maison au village. Mais en plus de cette maison, nous avons des bergeries en bois avec, autour, de grands pâturages – des étables en dehors du village où nous faisons de l'élevage. Nous élevons des chevaux, des vaches, des moutons, des chèvres, des poules.
Cependant je reste au village car je m’occupe de mon petit-fils qui est en deuxième année (CE2), il a 8 ans et nous étudions à distance. Il n'y a pas d'Internet dans les étables, alors nous étudions à la maison et après les cours, nous partons en vélo à la bergerie nous occuper des moutons. Avec nous vit aussi une de mes petites-filles. Elle a 5 ans. Nous gardons nos petits-enfants depuis cinq ans maintenant. J'ai deux autres petites-filles, mais elles vivent avec leurs parents.
Mon petit-fils étudie à la maison. Il s’appelle Samyr.
Et voici ma petite-fille Samira qui m'aide à nettoyer les fenêtres !
C’est moi lorsque je travaille comme guide. C'est une photo que Philippe a prise en mai 2019...
Mon hobby : le tricot.
J’ai tricoté ce sac pour ma fille.
Voici donc ce que m’écrivait hier Marina. Mais voici que, hier soir, elle m’envoie un tout autre message !
Bonjour ! Notre taïga est en feu ici ! Les pompiers ne peuvent pas éteindre !
Les hommes sont presque tous allés à la montagne chercher des pignons de cèdre. Dans les villages, il ne reste que des femmes, des enfants, des personnes âgées. Nous observons avec inquiétude l'approche du feu. Je suis seule à la maison avec mes petits-enfants. Mon fils est loin dans les montagnes, il est parti plusieurs jours pour ramasser des pignons. Mon Mari est seul avec les moutons, les vaches et les chevaux dans la ferme.
Ce soir, tous les enfants du village voisin ont été évacués vers le jardin d'enfants. Personne ne pense au coronavirus.
A chacun ses fléaux. Et je souhaite que les dégâts ne soient pas trop importants et aussi que personne ne sera pris dans les flammes !
En tout cas merci Marina ! Je regrette que cet évènement soit venu briser ce tableau de paix... Courage !
Tout d'abord vous dire qu'après trois jours de lutte, les hommes de la vallée de Karakol ont réussi à éteindre le feu ! Marina va bien et le calme est revenu dans la vallée !
Il m'a fallu quelques jours pour vous préparer la vidéo qui suit. Je me suis dit que vous parler directemet serait plus reposant, - et moins froid peut-être aussi.
Le film vous raconte deux après-midi : celle de samedi où je suis allé au park au joli nom traduit en français : "bosquet de bouleaux". Et des images prises le lendemain à Akademgorodok.
Voici donc la vidéo qui ne traitera d'aucun sujet d'inquiétude, excepté ce problème d'enfermement, qui, ici, a quand même une version plutôt supportable...
Voilà donc la suite ! Un second film qui, au vu du précédent, montre à quel point les choses progressent ici, et pas dans le bon sens du terme.
En outre, il faut noter que les frontières de la République d'Altaï sont fermées, on l'a déjà dit, mais qu'ils viennent depuis mai de fermer aussi celle du kraï de l'Altaï, ce qui interdit pour l'instant toute activité touristique, même pour la Russie intérieure.
La date limite qu'on a entendu dernièrement sera le 12 mai. Mais ce qui va rouvrir, quel sera vraiment le déconfinement, on n'en sait encore rien...
Mais je vous laisse découvrir cette deuxième promenade dans Novossibirsk. Cette fois il y avait du soleil !
Nous traversons quelques jours de froid, en gros depuis le 2 mai, et tout le monde attend le retour du soleil et de la chaleur qu’on peut avoir ici au mois de mai. La Russie n’a pas encore atteint le pic de l’épidémie, bien qu’il semblerait que l’angle ascendant de la courbe des personnes atteintes soit en train commencer à fléchir. Ce qui voudrait dire que le pic se rapproche…
Officiellement, le 12 mai a été choisi pour la fin de la période de confinement. Mais est-ce que cela va correspondre à la réouverture des frontières ? je n’en suis pas du tout sûr.
En France on aurait annoncé l’ouverture des frontières de la zone Schengen le 24 juillet… Et quand l’ouverture vers la Russie ?
En tout cas, comme la Russie a tendance à imiter les préconisations européennes, on pourrait se dire que le 24 juillet, les frontières seront ouvertes, au moins dans le pays. Ce qui autorise donc à un tourisme intérieur. Et je pense notamment aux français vivant en Russie et qui ne pourront peut-être pas rentrer en France pour leurs vacances… Cher Français, tournez-vous donc vers nous !
J’ai décidé aujourd’hui de parler du choix d’un ami français vivant lui-aussi à Novossibirsk. Il avait d’abord prévu de partir en voyage en France cet été avec sa femme et son fils. Et donc il a compris que ce voyage ne pourrait avoir lieu. Il m’avait demandé alors de lui prévoir un voyage en Altaï. Mais la République d’Altaï s’est fermée, puis le kraï de l’Altaï… Bref, l’Altaï était condamné. Il a donc décidé de louer une datcha. En fait, il ne s’agit pas vraiment d’une datcha. La maison ressemble à une véritable maison, sauf que la salle de bains est remplacée par un banya, - ce sauna russe qui est aussi utilisé comme salle de bains, étant donné qu’un système d’évacuation de l’eau permet toutes les ablutions, en outre de la séance traditionnelle de sauna…
Alors, comme je l’ai fait avec Marina ci-dessus, je vais laisser Fabrice parler lui-même de son choix de départ et du nouveau lieu de résidence qu’il s’est choisi pour l’été, en attendant de reprendre son travail de consultant, lorsque les grands déplacements seront à nouveau autorisés…
Ne pouvant, comme tous les ans, nous rendre en France en juillet et en août, et sans aucune certitude de pourvoir vadrouiller en Altaï, il ne nous restait que deux solutions : soit rester confinés dans notre appartement tout l'été, avec tous les inconvénients de la ville, soit louer une datcha et partir respirer en attendant de pouvoir reprendre le travail.
Nous l’avons tout de suite trouvée, à 150 kilomètres au sud de Novossibirsk, qui plus est le long de la mer de l’Ob.
Ce n’est pas vraiment une datcha, plutôt une maison dans un village, une jolie maison bleue parmi les pins et à 50 mètres de « la mer ».
Il y a un grand jardin potager que nous allons nous empresser de cultiver. Aujourd’hui nous semons les fleurs, demain après le labourage, les légumes.
Il y une grande pelouse, des pins, des bouleaux et un banya, soit une salle de bains sauna.
Nous avons fait connaissance avec les locaux qui nous aident et nous montrent tout ce qu’il y a à savoir. A un kilomètre de notre maison, après un chemin sableux qui serpente dans la forêt, nous pouvons acheter du lait, de la crème fraîche, du fromage blanc, des légumes à une petite ferme de particuliers. Une autre dame nous vend des œufs.
Nous nous promenons avec le chien de nos propriétaires, à vélo ou à pieds.
Pour le moment tout se passe bien et tout le monde est content de notre choix. Les voisins sont des gens simples et gentils, ils nous ont invités à brûler ensemble, sur la plage, l’ancien ponton.
Voilà. Fabrice m’a invité. J’espère pouvoir aller passer quelques jours avec eux un peu plus tard… Après tout, il n'y a aucun danger pour personne que nous nous déplacions de quelques kilomètres. Notre région est, on l'a dit, assez peu affectée par le virus (876 contaminés et 12 morts pour l'ensemble de la région de Novossibirsk, - une région qui fait environ 640 km de haut et 440 km de large).
On verra cela plus tard, car auparavant, nous sommes en train de vous préparer une petite perle du confinement. Encore un peu de patience !
J’avais donc promis ce que j’ai appelé « une petite perle du confinement ». Eh bien, voilà, le projet est abouti et publié !
Il s’agit d’un clip qui n’aurait pas été possible ne serait-ce qu’il y a deux trois ans… Car maintenant, tout le monde ou presque, a réussi à s’équiper d’un téléphone assez perfectionné capable de faire des films en haute-définition avec un son remarquablement correct, - en tout cas en comparaison avec ce que nous avions avant…
Oui, avant, même un bon magnétophone amateur faisait un souffle non négligeable qui, ajouté à d’autres devenait bientôt un insupportable bourdonnement.
Alors, comme toute l’Europe était confinée, l’idée, soufflée par mon ami Christophe Normantowicz qui avait réalisé un projet semblable, était de réaliser un clip à distance, chacun y participant depuis chez soi.
J’avais envie de proposer ce projet aux amis musiciens qui avaient travaillé avec moi. Et ceux dont j’ai toujours apprécié à la fois le talent et les qualités humaines. Bien sûr, il fallait aussi que l’instrument qu’ils pratiquent soit adapté à l’option des instruments que j’avais choisie : que de l’acoustique...
Je n’ai jamais joué véritablement avec Christophe Normantowicz, car il est parti très tôt travailler à Londres. En revanche, celui qu’on appelle Zoucki m’avait souvent aidé à trouver les accords que je cherchais pour les morceaux de bossa nova que je composais. Et parmi ces morceaux il y avait eu « Bilal Hypnose ».
En songeant à ce morceau j’ai tout de suite compris le lien thématique qu’il y avait avec la réalité d’aujourd’hui. « Bilal hypnose » parle du confinement, bien qu’il ne soit pas directement lié à une épidémie. En revanche, Enki Bilal, dans son livre « Bug », décrit un phénomène qui est extrêmement proche de cette pandémie du Covid. Un évènement brutal qui change tout le fonctionnement de la société. Un événement où, là-aussi, les femmes supportent mieux le choc que les hommes. Et ils sont très nombreux les points de similitude avec la pandémie, dans ces livres publiés en 2017 et 2019. D’ailleurs la définition anglaise de bug le dit clairement : « Se dit d’un insecte, d’une bestiole, d’un virus… ». Donc le visionnaire Bilal se retrouvait bien dans la thématique de cette pandémie qui nous frappe.
J’ai donc commencé par demander leur participation aux musiciens les plus proches, mon ami Zoucki qui m’avait soufflé l’idée, et Nicolaï avec qui je joue en Russie aujourd’hui. Voilà ce que je leur envoyais comme piste pilote, celle que j’avais appelée le « brouillon », j'en profitais pour décrire mes idées et mes plans sous forme de bulles de BD. Ce n'étaient pas encore des bulles fidèles à Enki Bilal! Chaque chose en son temps ! Voici ce premier guide :
Très rapidement ils m’envoyèrent tous les deux une vidéo qui m’a permis de commencer à envisager un montage différent. Je ne vous montrerai que les principales transitions. Au total il y en a eu dix.
Je rêvais la participation de Stéphane Métin. Stéphane a été un vrai partenaire dans mon dernier groupe en France. Lorsque j’ai composé mon album « Transhumances », Stéphane m’a souvent aidé à terminer des arrangements, lorsque je sentais que j’avais atteint mes limites. Stéphane est un spécialiste du rythme et a une très bonne connaissance musicale. Grâce à lui j’ai fait d’énorme progrès rythmiques et tout notre groupe avait pu progresser grâce à nos influences complémentaires. Donc ma joie a été grande quand il a accepté de se joindre à nous. C’est ainsi que je pouvais faire ce premier montage où étaient posées toutes les bases du futur clip. Je vous montre le montage après donc l’arrivée de Stéphane, le numéro 3 donc.
L’accompagnement était en place :
Il manquait donc la batterie et les solos. C’était très important, la batterie pour finir la rythmique et les solos car ils sont un moment où un musicien peut réellement s’exprimer. Et comme je suis toujours un bon auditeur, j’adore écouter les solos de mes musiciens. J’ai contacté Gregory Culas, encore un cher collaborateur de ma dernière formation musicale en France, Karel Juran, qui joue avec moi depuis… 2005 je pense ! Mon cher Kaya, que j’appelle « maestro » car c’est un très grand musicien, clavier aussi bien que guitariste. Cette fois, on se rapprochait de la formation définitive. Voici donc la version 6, - j’avais aussi choisi mon costume !
Il ne manquait plus qu’Alexis Requet. Alexis a travaillé dans plusieurs de mes formations. Et dans les plus difficiles, car il y en a eu... Tous les musiciens ne sont pas des perles d’humanité et de respect... Il y a les grenouilles et les scorpions. Et tous sont très sincères et naturels... Dans ces cas, Alexis a toujours été l’élément modérateur, un vrai soutien. Et j’ai toujours adoré le son du sax d’Alexis et sa sensibilité. Ce fut donc un vrai plaisir de recevoir son accord de participer. Cette fois, il y avait tout pour aller au bout. Sauf que je me suis trouvé à un moment dans l’impossibilité de synchroniser parfaitement tous ces petits bits, ces points obscurs sur les vagues sonores, qui doivent se mettre à chanter à l’unisson… Et c’est là qu’encore une fois Stéphane m’a tendu la main. Eh oui, lui il allait pouvoir mettre de l’ordre dans tout ça et finir le mixage que j’avais commencé. Et voilà comment nous sommes arrivés à cette version finale qui a contenté tout le monde. Et qui a été une vraie fête de retrouvailles pour moi, et des rencontres virtuelles pour les musiciens qui ne se connaissaient pas et qui se sont mis à se considérer et s’estimer après ce travail en commun. Voilà comment un très beau projet à échelle eurasienne a pu voir le jour ! Chapeau bas à tous mes amis ! Finalement le virus nous a permis de faire cela….
Nous revenons à une forme simple pour cette page du 17 mai. Ce sera un film.
Une fois par semaine je vais à Akademgorodok où vit ma fille. C'est un endroit que j'aime beaucoup et qui nous permet nombreuses promenades en nature : la forêt est toute proche, la "mer", le jardin botanique.
La construction d'Akademgorodok a commencé en 1957 sur initiative de l'académicien Mikhaïl Lavrentiev. L'idée originale de son concepteur a été d'y laisser la forêt originale, devenant ainsi l'une des premières villes vertes du monde, à un moment où le concept n'existait pas encore.
Je vous propose donc, en images, une promenade virtuelle dans la Silicone Valley de l'Empire soviétique...
Nota : On aura vu que j'aurais peut-être dû éviter de filmer le commentaire dans ce parc/forêt de mon quartier. Une sorte de petit bois où les moustiques commencent à devenir gênants. La prochaine fois je préférerai la cour à côté de chez moi, comme les vidéos précédentes !